Des lycéens privés de sciences humaines

  • Mis à jour : jeudi 28 octobre 2021 13:55
  • Publication : lundi 17 novembre 2008 16:11
  • Écrit par Jean-Olivier Gransard-Desmond
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Où l'on constate l'absence récurrente des sciences humaines
dans les actions de médiation scientifique portant sur « la Science »

Pour cette 4ème édition du Festival du Film Scientifique "Pariscience", l'équipe d'ArkéoTopia a choisi d'être présente à deux projections s'inscrivant dans son activité de veille médiatique : la séance spéciale « Les voies de la science » avec la projection des films L2i - Les deux infinis de J.-J. Beineix (Cargo film/CNRS images) et Imagine ton futur (Belleville Production/CEA) et une séance avec Cherche toujours de É. Chaillou et M. Théry (Arte France - les Films d'Ici).

Pourquoi ces deux séances ?
Dans le premier cas, fidèles à l'un de nos objets portant sur la défense et la promotion de l'archéologie en France et à l'étranger, nous souhaitions nous assurer de la représentation des sciences humaines en général, et de l'archéologie en particulier, dans un échange sur la culture scientifique dont le sous-titre était « avez-vous la fibre scientifique ? ». Pouvoir associer sciences humaines et fibre scientifique était d'autant plus indispensable que le public visé et présent était des lycéens.

Quant à Cherche toujours, nous souhaitions suivre un film dont l'ambition affichée était de présenter un des moteurs de la recherche scientifique, à savoir l'interrogation constante, la curiosité, même si ce film prenait pour cadre un laboratoire ne relevant pas des sciences humaines.

ArkéoTopia à PariscienceConcernant le débat « Les voies de la science », le résultat fut malheureusement conforme à nos craintes. Nous saluons toutefois l'initiative d'AST (Association Science et Télévision) d'avoir invité une journaliste (B. Leclercq, rédactrice en chef adjointe de Pour la Science) et une pédagogue (B. Prot, formatrice à l'Institut Supérieur de Pédagogie de Paris) permettant de diversifier des intervenants provenant pour les six autres personnes de la physique, de la chimie et de la biologie. Prenant la parole pour souligner l'absence de représentants des sciences humaines, Jean-Olivier Gransard-Desmond (Président d'ArkéoTopia et Dr. en archéologie) fut accueilli sur le moment un peu vivement. Cependant, sa remarque fut rapidement soulignée comme pertinente et ce constat dommageable eu égard à l'objectif pédagogique et d'information du débat devant la centaine de lycéens présents. Les ponts et l'interdépendance des différents domaines de recherche représentant la science ont d'ailleurs été évoqués avec le cas de l'ethnopharmacologie présenté par J. Ouzzani (chercheur à l'Institut de Chimie des Substances Naturelles). Suite à l'intervention de Mme Leclercq et à sa demande, Jean-Olivier Gransard-Desmond présenta au public son parcours d'archéologue complétant ainsi le panel des chercheurs présents et l'information au public.

Dès qu'il s'agit de communiquer sur la science et le métier de scientifique, l'absence des sciences humaines est un souci récurrent dont les premiers responsables sont les intéressés et, dans notre cas, les archéologues eux-mêmes.
Si, plus tard dans la soirée, Vincent Lamy (Délégué général d'AST) s'est plaint auprès de nous de la difficulté de faire participer les archéologues à des séances comme celle-ci, il est loin malheureusement d'être le seul.

Nous comptons bien contribuer à changer cet état de fait dans les années qui viennent, mais cela dépendra évidemment de l'implication des chercheurs et des différents organismes publics et privés en relation avec l'archéologie à vouloir être présents ou représentés dans des événements de culture scientifique qui ne sont pas toujours directement ou uniquement liés à l'archéologie.

La séance du soir fut l'occasion d'une belle découverte avec Cherche toujours, vrai petit bijou documentaire. Présentant de façon vivante et humoristique ce que représente la recherche fondamentale, É. Chaillou et M. Théry ont su capter le questionnement, la curiosité, la soif de savoir qui animent le chercheur. Ils ont su aussi mettre en image le doute qui taraude ce dernier durant sa réflexion et les soucis issus des contraintes de faire partie de la communauté scientifique avec ses obligations (obligation de publier, risque du pillage des idées, obligation de présenter un résultat).

Un échange avec la salle de l'auditorium du Muséum National d'Histoire Naturelle, pleine ce soir-là, s'en est suivi. Parmi les questions, nous retiendrons celle sur la difficulté à justifier d'une activité de recherche fondamentale à une époque focalisée sur le retour immédiat d'un résultat.
Ce fut l'occasion pour ArkéoTopia de mettre en avant l'interdépendance entre recherche fondamentale et recherche appliquée à partir d'un passage du film évoquant cette relation. Rebondissant sur cet exemple, S. Douady (Directeur de Recherches CNRS, laboratoire « Matière et Système Complexes » UMR CNRS-Paris Diderot) évoqua un de ses travaux sur les fluides récupéré pour la fabrication d'un nouveau type de machine à laver.
Pour burlesque que peut sembler cet exemple, il montre à quel point un travail de recherche fondamentale peut être utile à celui ou ceux qui savent le comprendre. Notons, avec S. Douady, que les chercheurs en recherche fondamentale et ceux en recherche appliquée ne sont pas forcément les mêmes et ajoutons combien il est important qu'ils se rencontrent car ils auront toujours beaucoup à partager.

Il aurait d'ailleurs été intéressant que les réalisateurs poussent leur travail jusqu'à mettre en scène cette relation pour mieux faire comprendre aux hommes et aux femmes politiques d'aujourd'hui que les applications de demain peuvent être les absurdités d'hier pour peu qu'il y ait des idées au milieu.

Voir aussi le lien http://pariscience.fr/arte-ressources/


Ce communiqué a été envoyé à l'équipe de Pariscience, au collectif Sauvons la Recherche, aux rédactions d'Archeologia et des Dossiers de l'archéologie, à l'équipe de réalisation et de recherche du film Cherche toujours ainsi qu'à la Mairie du 7ème arrondissement où l'association a son siège.

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