Expérience : amateur sur un chantier archéologique

  • Mis à jour : mardi 8 juin 2021 09:38
  • Publication : dimanche 3 janvier 2021 12:38
  • Écrit par Anne Radigue
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En août 2020, Anne Radigue a eu l’occasion de participer aux fouilles archéologiques du Rozel, une occupation néandertalienne du Paléolithique, dans le département de la Manche, en Normandie. Retour sur cette expérience d’un membre de ArkéoTopia qui n’est pas archéologue de formation.

Être archéologue amateur sur un chantier de fouilles archéologiques

Vue générale du site du RozelParticiper à des fouilles archéologiques fait rêver nombre de personnes. Néanmoins, pour beaucoup, les chantiers sont réservés aux archéologues ou aux étudiants. De nombreux chantiers archéologiques sont pourtant ouverts tous les ans à des participants de tout âge et profession pendant la période estivale.

Plusieurs chemins existent pour participer :

  1. La voie officielle est de consulter la liste des chantiers accessibles, disponible sur le site du Ministère de la Culture qui est mise à jour en mars/avril de chaque année. Pour chaque chantier, sont indiqués la période étudiée (Moyen Âge, Antiquité, Préhistoire, etc.), la nature du site, les exigences ainsi que le contact.
  2. Le bouche-à-oreille est aussi très efficace. Si vous connaissez des lieux proches de chez vous où des fouilles ont lieu tous les ans, n’hésitez pas à contacter directement l’équipe en charge.

Attention, pour tout chantier, la vaccination contre le tétanos doit être à jour.

Ayant entendu parler du site du Rozel, j’ai contacté le directeur du chantier spécialiste du Paléolithique ancien et moyen : Dominique Cliquet. Conservateur du Patrimoine au Service régional de l'archéologie de Normandie (Ministère de la Culture), c’est auprès de lui que j’ai déposé ma candidature. Pourquoi ce choix du site du Rozel ? Pour en savoir plus sur le site, je vous recommande la lecture de l’article de Lionel Tabourier « Sur les traces des Néandertaliens ».

Les activités de fouilles

Anne Radigue en train de fouiller au Rozel © Radigue A., 2020Une de mes appréhensions était de ne pas avoir assez de connaissances sur la période du site et sur les techniques de fouilles, bien que je me fusse renseignée sur les deux sujets au préalable. J’ai pu me rendre compte que c’est le cas de nombreux participants ; la participation à un chantier étant l’occasion d’apprendre.

En matière de matériel, il faut prévoir évidemment une tenue qui ne craint rien ainsi que des chaussures fermées. Le reste du matériel, qui peut varier d’un chantier à l’autre, est généralement fourni sur site. Au Rozel, l’équipement était composé d’un seau, d’une truelle, de divers pinceaux (dont des pinceaux à maquillage et des pinceaux d’artistes), d’une demi-bouteille en plastique et d’un opinel.

Une fois le matériel fourni et une parcelle à fouiller attribuée, on m’a montré les techniques et bons gestes à adopter. Sur ce chantier, il s’agit de retirer le sable éolien du sol avec un pinceau, tout en veillant à ne pas abîmer de potentielles empreintes de pas ou des artefacts. Il faut donc trouver un équilibre dans le geste : être assez énergique pour être efficace, tout en maintenant une certaine vigilance et délicatesse pour ne pas faire de dégâts irréversibles.

Anne Radigue en train d'utiliser un tachéomètre © Radigue A., 2020Durant la fouille de cet été 2020, j’ai pu trouver quelques empreintes mais aussi des morceaux de charbon. Les empreintes découvertes, néandertaliennes ou animales, font l’objet d’une documentation détaillée. Elles sont géolocalisées et leur orientation ainsi que le type de sol sont renseignés dans une fiche. Puis, elles sont photographiées. Certaines sont, par la suite, extraites du sol en utilisant du durcisseur. Une étude approfondie des empreintes ainsi que de la documentation produite lors des fouilles sont par la suite effectuées durant le reste de l’année.

Quant au charbon, il fait également l’objet d’une géolocalisation avant d’être extrait pour étude. L’étude permettra d’identifier les végétaux utilisés par les occupants. Si le charbon est parfois utilisé pour dater une occupation humaine, cela ne peut s’appliquer aux fouilles d’occupations remontant au Paléolithique inférieur (entre 3 millions d’années et 100 mille ans av. J.-C.) qui sont beaucoup trop anciennes pour notre technologie actuelle. En effet, au-delà de 50 000 ans, la technologie n’est pas assez précise.

J’ai aussi eu l’occasion d’utiliser un tachéomètre. Cet appareil permet de replacer les éléments trouvés, que ce soient des artefacts ou des particularités naturelles telles que des plaques de schiste, dans l’espace et d’avoir une reconstitution informatisée précise du site et de sa configuration en 3D. C’est avec lui que les différentes découvertes sont géolocalisées.

La vie collective de chantier

Un autre aspect majeur d’une expérience sur un chantier de fouilles archéologiques est la vie en collectivité. Si l’on peut se retrouver à fouiller seul sur sa parcelle, il s’agit néanmoins d’un travail qui s’inscrit dans un plus grand projet. Chaque action participe d’un but commun.

Tout se partage et se vit ensemble : les repas, pauses café et apéritifs, mais aussi le logement. En effet, à moins de vivre proche du chantier, le logement se fait généralement en communauté, sous tente ou en gîte, avec plus ou moins de confort.

Participer à des fouilles archéologiques est une expérience extrêmement enrichissante, au cœur de l’archéologie. C’est accessible à tout le monde, y compris aux non-initiés ! Si vous êtes passionné, n’hésitez pas !

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